samedi 8 mars 2008

Cérémonie shintoïste de purification du terrain

Ca commence à dater maintenant, mais je n'avais pas eu le temps d'écrire un petit compte-rendu de cette cérémonie à laquelle Yonezawa-san nous avait invités.
Yonezawa-san, c'est celle qui organise les réunions Koala. Elle habite (habitait plutôt, et réhabitera bientôt) une maison juste au coin de notre immeuble.

Leur maison étant vieille (une cinquantaine d'années), ils ont décidé de la faire démolir et d'en faire reconstruire une avec tous les moyens actuels d'isolation et surtout de protection contre les tremblements de terre (flexibilité des parois).
Ils ont donc quitté leur maison temporairement, qui a été détruite au cours du mois de novembre; et avant le lancement des travaux, ils ont organisé une cérémonie, traditionnelle ici, de purification de la terre. Ne me demandez pas quel sens cette cérémonie a dans le fond, je ne suis pas allée dans les détails, je ne connais rien à la religion shintoïste. Mais en tous cas, il s'agissait bien d'une cérémonie shintoïste, puisqu'en m'expliquant en quoi aller consister la cérémonie, Yonezawa-san insistait bien, dès qu'elle citait le prêtre qui allait la célébrer, sur le fait que c'était un prêtre shintoïste.


Alors voilà comment s'est déroulée la cérémonie.
Cela a duré environ une demi-heure, et ça a commencé à 9h30 du matin. C'était un dimanche.
Il y avait: le prêtre (shintoïste!), Mr et Mme Yonezawa, des représentants de la société de construction: le chef de chantier + deux ouvriers, et nous: moi d'abord, puis Romain et Lucile qui ont rejoint en cours de route.
Une petite tente (un toit, quoi) avait été dressée sur le carré de terre (environ 200m2), aux logos de la société de construction. Dessous, un autel avait été installé



avec dessus: un vase, une carafe de sake et des coupelles (ces dernières rentreront en scène plus tard), des branches feuillues (celles posées sur la table l'ont été en cours de route par nos pommes) avec des petits papiers accrochés (vierges), et des fruits et légumes apportés en offrande: vous reconnaissez (ou pas!) de haut en bas, et de gauche à droite: au fond un daikon (vous savez maintenant ce que c'est si vous avez bien lu mon message dessus il y a quelques jours!), des patates douces, des concombres japonais et des carottes, un poivron rouge, des pommes, un kaki (en orange posé sur les pommes), et un pamplemousse.
Il y a aussi sur l'autel un poste de musique qui jouait de la musique japonaise "d'ambiance" instrumentale.

La cérémonie a commencé par un discours du prêtre (mortel pour moi, à peine réveillée et grippée ce week-end-là) avec des passages psalmodiés;
puis le prêtre a tendu à Mr Yonezawa une pelle-bêche, et celui-ci s'est levé pour aller simuler trois coups de bêche sur un petit monticule de terre préparé à côté de l'autel. Il a produit en même temps des petits bruits intrigants, dont j'ai compris le sens après: en effet, après lui, le chef de chantier puis un des ouvriers sont venus faire les mêmes gestes, accompagnés cette fois de bruitages bien plus francs simulant le bruit de l'effort: autrement dit, des gros "hhhhan, hhhan, hhhan!"!




Ensuite, des simagrées dans tous les sens que j'ai un peu oubliés, puis est venu le moment pour tous les assistants, y compris moi, d'intervenir: le prêtre nous tendait une branche feuillue avec ses petits papiers accrochés, et nous devions un à un nous lever pour aller la prendre et la poser sur l'autel, puis frapper des mains deux fois (lentement, avec quelques secondes d'écart et beaucoup de concentration entre les deux), puis nous incliner et retourner nous asseoir.
M. et Mme Yonezawa s'y sont collés, puis le chef de chantier et les 2 ouvriers, puis moi! Heureusement j'avais eu le temps d'observer les gestes, parce que Yonezawa-san (Mme) m'a tout de suite jeté un regard pour me signifier que je pouvais (autrement dit, que ça lui ferait plaisir que je) participe(r)...



C'est juste après cela que Romain est arrivé, et il a eu du pif: après quelques autres simagrées et discours du prêtre, tout le monde s'est levé, on a écarté les chaises, formé un cercle, et le prêtre nous a distribué une coupelle à chacun, prise sur l'autel. Puis il s'est muni de la carafe remplie d'un étrange liquide transparent. Il nous en a tous servi un peu dans notre coupelle, puis après un discours puis un "kampai!" général, chacun a porté la coupelle à sa bouche, Romain et moi avec un temps de retard, le temps de comprendre de quoi il s'agissait... Mais ignards que nous étions des habitudes de telles cérémonies, nous avons tout bu cul-sec, alors que nous apercevions trop tard tout le monde se retourner et jeter parterre le fond de la coupelle, après n'avoir fait qu'y tremper les lèvres!
Là-dessus, salutations et présentations, bavardages, et séance photos:



Puis, un peu pompets et pas fiers de l'être, nous avons regardé le prêtre tout démonter et ranger dans le coffre de sa voiture (je ne me rappelle plus qui a gardé les fruits et les légumes!), et nous avons regagné nos pénates.

Une semaine après, nous nous sommes envolés pour la France, y avons passé un mois, puis en rentrant avons trouvé les travaux bien avancés. Aujourd'hui, la maison est presque finie, et les Yonezawa ont prévu d'y réemmenager le 29 mars.




Clo
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